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monde diplomatique - Page 2

  • L’indigestion qui vient

    Extraits de l'article de Benoît Bréville dans "Le Monde Diplomatique"

    Une carcasse artificielle tombe sur la chaîne de production d’une usine aseptisée. Recouverte par une épaisse pâte blanche sortie d’un bras métallique, elle passe ensuite par une machine qui lui donne l’aspect d’un poulet bien en chair auquel on aurait coupé la tête et les pattes. Quelques pulvérisations de colorant plus tard, la volaille est empaquetée, prête à être vendue. Extraites de L’Aile ou la Cuisse, un film populaire dans lequel Louis de Funès interprète un critique gastronomique en guerre contre un géant de la restauration collective, ces images présentaient en 1976 un caractère saugrenu, propre à susciter l’hilarité.

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  • Grand marché transatlantique

    Le Grand Marché Transatlantique constitue "l'avancée" majeure que les libéraux attendent pour relancer l'économie européenne et mondiale. Ce projet de traité qui est négocié actuellement entre les États-Unis et l'Union Européenne se résumerait dans les faits par une mainmise quasi absolue des multinationales au détriment des gouvernements élus.

     La régression démocratique proposée se traduirait en particulier par le recours facilité au tribunaux arbitraux privés, dont on connait les "avantages" depuis l'affaire Tapie.

    Le "Monde Diplomatique" consacre un dossier constitué d'articles récents relatifs à ce traité, en voici l'introduction :

    Les élections européennes de mai 2014 ont témoigné du rejet grandissant qu’inspirent les politiques mises en œuvre sur le Vieux Continent. La réponse de Bruxelles à ce désaveu populaire ? Hâter la conclusion d’un accord négocié en secret avec Washington, le grand marché transatlantique (GMT). La croissance stagne, le chômage progresse et les inégalités s’envolent : les gouvernants occidentaux en déduisent que l’heure est venue de consacrer la supériorité du droit des multinationales (à dégager davantage de profits) sur le devoir des Etats (à protéger leurs populations). Mais rien n’est encore joué…

     

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  • Choisir ses combats

    Extraits de l'article de Serge Halimi du Monde Diplomatique (février 2015)

    Août 1914 : l’union sacrée. En France comme en Allemagne, le mouvement ouvrier chancelle ; les dirigeants de la gauche politique et syndicale se rallient à la « défense nationale » ; les combats progressistes sont mis entre parenthèses.

    Difficile de faire autrement alors que, dès les premiers jours de la mêlée sanglante, les morts se comptent par dizaines de milliers. Qui aurait entendu un discours de paix dans le fracas des armes et des exaltations nationalistes ? En juin, en juillet peut-être, il restait possible de parer le coup.

    (...)

    Un dessinateur est-il libre de caricaturer le prophète Mohammed ? Une musulmane, de porter la291113_114613_PEEL_aT2gmg.gif burqa ? Et les juifs français, vont-ils émigrer plus nombreux en Israël ? Bienvenue en 2015... La France se débat dans une crise sociale et démocratique que les choix économiques de ses gouvernements et de l’Union européenne ont aggravée. Les thèmes de l’arraisonnement de la finance, de la répartition des richesses, du mode de production ont enfin pris racine dans la conscience publique. Mais, à intervalles réguliers, les questions relatives à la religion les relèguent au second plan . Depuis plus de vingt ans, l’« islam des banlieues », les « insécurités culturelles », le « communautarisme » affolent les médias comme une partie de l’opinion publique. Des démagogues s’en repaissent, impatients de gratter les plaies qui leur permettent d’occuper la scène. Tant qu’ils y parviendront, aucun des problèmes de fond ne sera débattu sérieusement, même si presque tout le reste découle de leur solution.

    (...)

    Mais soyons modestes. Nos grosses clés n’ouvrent pas toutes les serrures. Nous ne sommes pas toujours en mesure d’analyser l’événement séance tenante. S’arrêter, réfléchir, c’est prendre le risque de comprendre, de surprendre et d’être surpris. Or l’événement nous a surpris. La réaction qu’il a suscitée, aussi. Jusqu’à présent, les Français ont tenu le choc. En manifestant en masse, dans le calme, sans trop céder aux discours guerriers de leur premier ministre Manuel Valls. Sans s’engager non plus291113_115110_PEEL_raJBek.gif dans une régression démocratique comparable à celle que les Etats-Unis ont vécue au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 — même s’il est inepte autant que dangereux de condamner des adolescents à des peines de prison ferme au seul motif de propos provocateurs.

    Nul ne peut imaginer cependant les conséquences éventuelles d’une nouvelle secousse du même ordre, a fortiori de plusieurs. Parviendraient-elles à enraciner une ligne de fracture opposant entre elles des fractions de la population qui se détermineraient politiquement en fonction de leur origine, de leur culture, de leur religion ? C’est le pari des djihadistes et de l’extrême droite, y compris israélienne, le péril immense du « choc des civilisations ». Refouler cette perspective réclame non pas d’imaginer une société miraculeusement apaisée — comment le serait-elle avec ses ghettos, ses fractures territoriales, ses violences sociales ? —, mais de choisir les combats les plus susceptibles de porter remède aux maux qui l’accablent. Cela impose, d’urgence, une nouvelle politique européenne. En Grèce, en Espagne, le combat s’engage...

  • En finir avec le présidentialisme

    L'élection (loin d'être triomphale avec 64,5 % des voix) de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP n'est qu'une péripétie dans la bataille à droite pour la présidentielle de 2017.

    On en avait vécu un premier épisode lors de l'affrontement Copé Fillion pour ce même poste fin 2012. Ce qui montre que dès qu'une élection présidentielle est terminée, l'essentiel de la vie politique française semble tourner autour de l'élection suivante. Cet excès répond à l'excès de pouvoir concentré dans les mains du président de la République. Ce qui amène certains à demander la fin de la Cinquième République, et doit nous obliger à nous pencher sur les dérives de ce présidentialisme. C'est ce que fait Le Monde Diplomatique dans un long article signé d'Alain Garrigou, dont nous vous donnons l'introduction et la conclusion.

     

    Dominique Strauss Kahn aurait dû nous déprendre de cette institution qui nous domine : la présidence de la République. S’il avait été élu, l’Elysée serait devenu un lupanar. La semi-fiction peut être prolongée. Pourquoi n’élirait-on pas un président fatigué par de longs combats politiques et seulement capable de « jouir du pouvoir », ou bien un candidat soucieux d’échapper à des poursuites judiciaires, voire un chef de gang ayant jeté son dévolu sur l’Etat ? Sans aller aussi loin dans l’élection de « mauvais » candidats, la succession des derniers présidents français ne rassure pas complètement. En tout cas, les échecs, les ratages, les gaffes et les scandales ont amené à poser la question d’une nouvelle constitution à travers l’appel à une Constituante ou à une VIe République . On avait tant célébré la Ve République qui avait donné la stabilité et l’efficacité qu’on s’étonne du changement de ton. La protestation se focalise-t-elle sur les institutions faute de pouvoir atteindre des causes plus profondes et hors de portée ? Probable. Et sur l’institution la plus visible ? Probable

    (..)

    Après tout, si les citoyens sont d’accords, même avec leur propre dépossession… Pour arriver à sa mise en cause, il faut justement que cela n’aille plus de soi.

    Le pire est en effet aujourd’hui que le régime présidentiel rende idiot. Idiots, les professionnels de la politique engagés dans des luttes d’ego et de clans. Cette course de chevaux — expression gentille — composée d’élections intermédiaires, primaires et partisanes, sans omettre les cotes de popularité, offre le spectacle d’une campagne électorale permanente qui serait fort ennuyeux s’il n’était pimenté par les coups bas et les indiscrétions scandaleuses. Idiots, les courtisans qui s’agitent dévotement autour des patrons. Idiots, les journalistes politiques transformés en commentateurs de courses hippiques ratiocinant sur les jeux politiques, les intentions, les alliances, les inimitiés et surtout l’opinion publique. Idiots enfin les citoyens, dont je suis, pris malgré eux en otages et se découvrant souvent fascinés par la comédie. Au point d’en revenir souvent à la nostalgie des hommes du passé qui, il est vrai, avaient vécu autre chose qu’une vie de professionnels de la politique. S’il n’est jamais de bonnes institutions au moins en est-il peut-être de moins mauvaises.

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    A l'origine de la cinquième république, d'après Moisan du Canard Enchaîné

  • Les années Thatcher pèsent encore

    Article repris du "Monde Diplomatique"

    Née en 1925, Margaret Thatcher est morte lundi 8 avril. Elle est arrivée à la tête du Royaume-Uni en mai 1979, après la faillite de la politique travailliste. Grande admiratrice du président américain Ronald Reagan et ardente défenseuse du dictateur chilien Augusto Pinochet, elle a mené une politique ultralibérale dans son pays et a milité pour son extension en Europe.

    L’histoire retiendra son entreprise de démolition des syndicats — notamment avec la grande grève des mineurs en 1984-1985 —, la vague de privatisations et de suppression des aides sociales, son attaque en règle du système de santé, sa répression féroce à l’encontre des militants républicains irlandais — et la mort de Bobby Sands en prison après une grève de la faim.

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